BIOGRAPHIE « ZIZI (la petite) », puis « ZIZI SAINT-CLAIR »
Née à Paris (15ème) le 8 Juin 1942
et décédée le 24 avril 2020 dans la région parisienne.
Vrai Nom : Geneviève Marie Jeannine Josette GOURGUET
ACTRICE
BIOGRAPHIE
Je suis née entre deux bombardements qui visaient les usines CITROEN du quai de Javel ! Je suis la fille de Jean Marie GOURGUET, cinéaste et de Michelle DARVAUX, devenue par la suite GOURGUET. Normalienne de Dijon, elle rencontré mon père durant le tournage de «Jeannette BOURGOGNE» (film commandité par l’Education Nationale). Aussitôt, ce fût le coup de foudre et ils ne se sont plus quittés.
Dans les années 1940, ma mère est aussi journaliste au magazine «ELLE».
Je suis la seconde fille de mon père qui a eu la douleur de perdre sa première fille, née d’une union libre en 1926, d’une leucémie à l’âge de 18 mois. Il m’appelle Geneviève comme elle. J’ai le sentiment aujourd’hui d’avoir été sans doute un peu surprotégée suite à ce drame qui est resté très présent tout au long de sa vie.
J'ai un frère, Jean-Michel GOURGUET, né en 1947, qui figure dans «UNE ENFANT DANS LA TOURMENTE», «LA FILLE PERDUE» (où il était ma doublure plus jeune) et «MATERNITE CLANDESTINE» sous le pseudonyme de Jean-Michel MOULIN.
Dès les premiers mois de ma vie, mon père me fait faire mes premiers pas au cinéma, au sens propre comme au figuré ! Il me trouve photogénique et naturelle devant la caméra. Peu à peu, et par défaut - selon lui, les petites filles auditionnées ne lui auraient pas donné totalement satisfaction -, il me fait tourner des petits rôles dans des documentaires. Le couple père fille fonctionnant bien, je deviens sa « petite interprète favorite » et attitrée. Il écrit alors des rôles spécialement conçus pour moi.
René CLEMENT, ancien assistant et ami de mon père, m’ayant vu jouer décide alors de me confier le rôle de «JEUX INTERDITS», compte tenu de mon expérience cinématographique malgré mon jeune âge. Mais mon père, très protecteur, et malgré l’insistance persistante de René CLEMENT qui lui téléphone chaque soir pour le convaincre, refuse de me « prêter » à ce dernier qui choisit alors une petite fille me ressemblant beaucoup à l’époque: Brigitte FOSSEY.
Entrevoyant l'opportunité d’échapper à la sévérité paternelle et de vivre un peu ma vie, j'en ressens une grande déception (intuition du succès futur de ce film ?) et malgré mes larmes je n’arrive pas à faire revenir mon père sur sa décision. Bien des années plus tard, sur son lit de mort, mon père me demande de lui accorder mon pardon, pensant que je lui en veux toujours…
Des offres du cinéma américain pour mon père et moi-même sont également refusées à plusieurs reprises car il veut me protéger (et lui-même aussi). Il redoute le « système industriel américain » et ne veut pas renoncer à la liberté de son statut d’indépendant.
Je fais d’abord mes études au Cours HATTEMER (comme Brigitte BARDOT, à quelques classes d'intervalle, puis notre actuel Président Jacques CHIRAC) en essayant d’alterner cours, tournages et obligations professionnelles.
Mais cela devenant trop contraignant, mon père décide alors de me faire faire une pause de quelques années pour me permettre de me consacrer uniquement à mes études. Il reste marqué par les années de galère qu’il a vécues - ou qu’il a vu vivre par bien des artistes - et veut que je puisse avoir une alternative autre que le cinéma pour rebondir et gagner ma vie.
Il me raconte pour me consoler une anecdote vécue avec Gaby MORLAY, son interprète dans «SON DERNIER ROLE».
Lors d’un dîner avec elle (très connue à l’époque) dans un restaurant des Champs Elysées à propos d’un éventuel futur rôle, un couple parle fort à la table voisine. Le mari : « Regarde, c’est Gaby MORLAY, si, si, je la reconnais ». La femme « Tu es sûr ? ». Silence puis « Qu’est-ce qu’elle est devenue moche et vieille maintenant ! ». Jean GOURGUET, très gêné et attristé par tant de bêtise et de méchanceté gratuite, hésite sur la conduite à tenir. Finalement, il prend le parti de faire semblant de n’avoir rien entendu et regarde Gaby MORLAY du coin de l’œil. Elle, superbe, continue la conversation comme si de rien était. Seule une larme glisse sur sa joue. Cette histoire l’a profondément marqué.
Il ajoute « Je ne veux pas que tu vives dans l’angoisse de ta première ride et la crainte de ne plus tourner en vieillissant… ». Les choses ont heureusement évolué depuis plus de cinquante ans. Les actrices ne sont plus condamnées à jouer les jeunes premières jusqu’à un âge avancé et peuvent interpréter des rôles en rapport avec l’évolution de leur âge.
L'éloignement des plateaux de cinéma se passe difficilement. Après une carrière d’enfant de cinéma de plusieurs années, la page est tournée, non sans difficulté. Je dois reprendre une vie d’enfant de mon âge ce qui est un choc sur beaucoup de plans car côtoyer la vie professionnelle si jeune m’a donné une quasi maturité d’adulte. Finie la vie d’artiste…
Mon dernier film est «LA FILLE PERDUE» en 1953 avec Claudine DUPUIS.
Devenue adulte, je ne tente pas de rejoindre la classe de Georges CHAMARAT (avec qui j’avais tourné quelques années auparavant) au Conservatoire, comme celui-ci le propose avec pourtant, cette fois-ci, la bénédiction paternelle.
Pendant des années, je cache l’existence de ma «première vie», sauf à quelques très rares exceptions. Je ne sais pourquoi, j’ai besoin de rester dans l’ombre et craint de me faire remarquer. Je suis alors ma propre voie, non sans parfois quelques affrontements et froids avec mon père, étant dotés tous deux d’une forte personnalité. Je me marie et ai trois enfants et à présent un petit fils.
Le bilan de ces presque 10 années de tournage : un grand respect du métier d’acteur, difficile et parfois ingrat et du «sang de cinéma» dans mes veines. Beaucoup de bons souvenirs avec plusieurs «mères de cinéma» avec lesquelles les liens affectifs ont été très forts : Blanchette BRUNOY, Claudine DUPUY (qui avait proposé de «m’adopter» au grand dam de ma vraie mère qui avait répondu sèchement que sa fille n’était pas abandonnée), Suzanne GREY. Des rapports très affectueux avec beaucoup d’actrices ou acteurs notamment Perette SOUPLEX, Georges CHAMARAT, Grégoire ASLAN, Gérard LANDRY, Pierre LOUIS, Jean CLARIEUX, Alexandre RIGNAULT, etc.
L’équipe technique fidèle de Jean GOURGUET est une seconde famille (le caméraman Charles-Henri MONTEL, le chef opérateur «Papa HUGO», le photographe H. CARRUEL, le régisseur M. CAUDRELIER et sa femme Lily, habilleuse, la scripte Suzanne FAYE et tant d’autres).
Des admirateurs, souvent fidèles, jusqu’au Canada, me comblent de cadeaux (jolies poupées, livres…), voire même, lors des tournées de galas en province, glissent dans mes poches et à mon insu, de petits billets pendant je signe des autographes, me pensant peut-être aussi malheureuse dans la vie qu’au cinéma.
Michelle GOURGUET, ma mère, co-scénariste, devenue première assistante, est toujours présente sur le plateau mais n’a guère de temps à consacrer à sa progéniture en qui elle a une grande confiance. Travail oblige, ce qui me laisse beaucoup de liberté…
De moins bons souvenirs: dans les mélos, je suis souvent battue ou malmenée et reçois un certain nombre de claques. Quelle angoisse quand il y a plusieurs prises...
Sur le plateau, mon père veut que je me comporte en adulte, comme les autres acteurs et que je l’appelle «Monsieur» ce qui n’est pas évident. On ne doit pas savoir qu’il est mon père, ce qui est un secret de Polichinelle! Aucun passe-droit et pas le droit à l’erreur. Le soir à la maison en rentrant du tournage, il travaille avec moi les scènes du lendemain.
Cette biographie serait incomplète si j’omettais de citer mon super partenaire et acteur chien-loup, GUNDO, grand complice à la dent un peu facile (il me mord accidentellement à la joue pendant le tournage des «ORPHELINS DE SAINT-VAAST» à ARRAS. Je suis hospitalisée quelques jours. Lors de mon retour sur le plateau, le caméraman doit faire des prouesses pour qu’on ne voie pas le côté du visage blessé en me prenant de profil ou de trois quarts, avec une lumière adaptée).
De douleur, mon père veut abattre le chien mais je le supplie de n’en rien faire. GUNDO, à partir de cet accident, me voue un attachement hors du commun, partageant ma vie jusqu’à sa mort en me veillant jalousement.
Ce chien, «acteur» hors du commun, tourne dans plusieurs films (on le surnomme souvent, à l’époque, le «RINTINTIN français»). Il connaît son rôle et est capable de «rejouer» sa scène autant de fois que les prises l'exigent. Il lui arrive fréquemment de se faire applaudir par l’équipe de tournage ce qu’il apprécie énormément. Il a été acheté et dressé par mon père lui-même, avec la supervision de grands dresseurs de l’époque, pour les besoins d’un film mais ce dernier ne peut se résoudre à s’en séparer à l’issue du tournage. A plusieurs reprises, mon père reçoit des propositions substantielles de rachat de cet animal exceptionnel, tant par sa beauté que par son intelligence, mais elles sont refusées bien qu’à cette période la vie ne soit pas toujours facile à la maison, chaque recette de film étant presque aussitôt courageusement réinvestie pour produire le prochain.
On a parfois, à cette époque, raillé mon père en parlant du « cirque GOURGUET » avec son épouse, sa fille, parfois son fils et son chien. Ce qui ne le vexait pas car, disait-il, il admirait les gens de cirque qui sont de vrais professionnels, qui travaillent dans l’ombre et qui ont cela «dans le sang».
Le souhait de la « petite ZIZI » d'aujourd’hui : continuer l’effort entrepris depuis la mort de mon père pour réhabiliter son œuvre en tant que metteur en scène et producteur, scénariste, poète, afin que la mémoire du cinéma soit exhaustive et qu’il y reste inscrit à jamais.
C’est un devoir de transmission et de partage de ma connaissance d’un cinéaste qui laisse une œuvre conséquente, constituant aujourd’hui un témoignage sur son époque, notamment sur les milieux populaires et la jeunesse (de 1928 jusqu’aux années 1960).
De plus, il est un précurseur en tournant dès 1928 «LE RAYON DE SOLEIL», en extérieurs, caméra au poing pour plus de réalisme, ce qui techniquement à l’époque était exceptionnel et pas toujours évident. Il est le lien entre le cinéma classique muet puis parlant, issu du théâtre, et la nouvelle vague en créant un cinéma vérité d’auteur indépendant, un cinéma libre.
FILMOGRAPHIE
Sous le nom de la petite Zizi :
1942 – Jeux d’enfants : de Jean Gourguet – Court Métrage.
1944 – L’enfant et les bêtes : de Jean Gourguet – Court Métrage.
1946 – Le pavillon de la folle : de Jean Gourguet – Moyen Métrage – avec René Génin.
1947 – La neige du coucou : de Jean Gourguet – Moyen Métrage – avec Albert Parrain.
1948 – Les orphelins de Saint-Vaast : de Jean Gourguet avec Georges Chamarat, Suzanne Grey.
1949 – Zone frontière : de Jean Gourguet - avec Alexandre Rignault, Suzanne Grey, Perrette Souplex.
1950 – Trafic sur les dunes : de Jean Gourguet - avec Pierre Louis, Suzy Prim, Lucas-Gridoux, Jacqueline Faber, Clarieux, Perette Souplex.
1951 – Une enfant dans la tourmente / L’enfant dans la tourmente : de Jean Gourguet - avec Blanchette Brunoy, Gérard Landry, Grégoire Aslan, Clarieux,, Michel Vadet, Helena Manson.
1952 – Le secret d’une mère : de Jean Gourguet - avec Blanchette Brunoy, Grégoire Aslan, Jane Marken, André Le Gall, Clarieux, Helena Manson, Peres, Génin.
Sous le nom de Zizi Saint-Clair :
1953 – La fille perdue : de Jean Gourguet - avec Claudine Dupuis, Gérard Landry, Robert Berry, Dora Doll, André Roanne, Gisèle Grandpré.
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